Violences de masse. Logiques de purification au Tigray et au Rwanda

Violences de masse. Logiques de purification au Tigray et au Rwanda
Jeudi 03 octobre 2024
Salle 3 du Musée du Quai Branly de 17h à 19h
 

 

Titre et résumé de la communication: Comprendre un nettoyage ethnique par les divisions familiales. Ethnicité, générations, et idéologies à Wolqayt (Éthiopie)

Légende: Locaux commerciaux pillés et disparition du tigrigna dans l’espace public à Humera, Tigray de l’Ouest occupé, mars 2021 (©Mehdi Labzaé).

Depuis novembre 2020, la zone éthiopienne de Wolqayt, constitutionnellement connue comme Tigray de l’Ouest, est occupée par des forces armées de la région voisine, l’Amhara, avec le soutien du gouvernement fédéral. Après un nettoyage ethnique par massacres et déguerpissements, une administration d’occupation reposant sur l’institutionnalisation du racisme y est en place. Les personnes identifiées comme Tigréen.nes sont systématiquement rançonnées, enfermées, violentées pour les pousser à partir. Malgré une polarisation politique extrême entre Tigray et Amhara, de nombreuses familles originaires de Wolqayt sont divisées, des fils prenant les armes contre leurs pères, des frères rejoignant des camps opposés. Sur la base d’une enquête par entretiens, cette présentation tente de comprendre ce qu’une approche par les liens familiaux permet de comprendre du nettoyage ethnique et de la polarisation, en remontant des relations et ruptures familiales sur un demi-siècle et au long de deux guerres civiles, entre revendications agraires et idéologies mouvantes.

Mehdi Labzaé est politiste, chargé de recherche au CNRS et affecté à l’ISP (Nanterre). Il travaille sur l’État, la violence et des mouvements nationalistes dans des sociétés agraires de la Corne de l’Afrique, principalement en Éthiopie.

 

 

Titre et résumé de la communication: Agir à son échelle. Des violences opportunistes aux carrières miliciennes, les crimes génocidaires féminins en 1994 au Rwanda

Légende: En 2013, une détenue de la prison centrale de Kigali dessine le plan du dispensaire où son groupe avait dressé son quartier général durant le génocide, après l’élimination du personnel tutsi (© À mots couverts).

Du fait des modalités des violences commises et de leur tardive judiciarisation, la participation des femmes au génocide perpétré contre les Tutsi pose deux questions importantes pour réfléchir aux processus d’extermination – et ce de façon plus évidente que la criminalité masculine. La première est celle de la délimitation du périmètre du génocide. La seconde est celle du poids de l’idéologie dans le passage à l’acte. Sur la base d’une recherche combinant enquêtes qualitatives et par questionnaires, et à partir de la présentation de quelques cas, il s’agira de rendre compte de l’étendue et des spécificités des crimes féminins, ainsi que de montrer l’intérêt d’une approche des violences par le genre.

Violaine Baraduc est anthropologue et réalisatrice documentaire. Chargée de recherche au CNRS (à partir du 1er octobre 2024), elle est rattachée au laboratoire Les Afriques dans le Monde, à Bordeaux. Avec Alexandre Westphal, elle a réalisé À mots couverts (2014, 1h28). Cette année, elle a publié Tout les oblige à mourir. L’infanticide génocidaire au Rwanda en 1994 aux éditions du CNRS.