Restes, Traces, Mémoire : Anthropologie sonore et visuelle
Jeudi 24 novembre 2022 : 17h-19h (salle 3)
Discussion : Alain Epelboin (Musée de l’Homme)
Jonathan Larcher (HAR et Phillia, Univ. Paris Nanterre)
« Qu’entendent les rennes ? Silence et grondements des infrastructures en sápmi (Suède) ».
Au nord-est de Kiruna, les éleveurs de rennes sámis font face à la fragmentation des pâturages d’hiver. Le centre spatial d’Esrange engage sa course vers le New Space et une mine
de graphite a reçu les autorisations pour conduire des explorations à Vittangi. En s’appuyant sur les enregistrements sonores d’une première enquête, cette intervention présentera plusieurs pistes de recherche et de création. Comment documenter la pollution sonore ? Qu’entendent les rennes ? Alors que les infrastructures minières et spatiales contrôlent l’accès à leurs sites, comment déconstruire les imaginaires produits par ces infrastructures à propos d’espaces inhabités et silencieux ?
Jonathan Larcher est anthropologue et cinéaste, formé en histoire du cinéma et en anthropologie visuelle. Il a réalisé plusieurs enquêtes de terrain en Roumanie (Nord de la Munténie) où sa recherche doctorale et ses films ont porté sur la vie sociale, la musique et les pratiques vidéo au sein d’une communauté rom. Allocataire d’une bourse posdoctorale de l’Eur ArTeC (2021), il travaille aujourd’hui avec le collectif Promedios de Comunicación Comunitaria/Chiapas Media Project (San Cristobal de Las Casas, Mexique) en vue de préserver numériquement leur archive vidéo. Il enseigne également à l’université de Paris Nanterre en tant qu’ATER.
Jean-Frédéric de Hasque (Ecole Normale Supérieure des Arts Visuels de La Cambre, UCLouvain)
« Faire ensemble, marcher côte à côte. Retour sur trois films : Où est l’Eldorado (2009), Le Camp (2011), Les Lions (2017) ».
Ces trois films vont générer, quelques années plus tard, d’autres films qui n’auront ni la prétention ni le
degré des premiers mais deviendront des traces mémorielles, des archives, l’un d’entre eux deviendra même une installation vidéo. Que génèrent ces proto-films, ne sont-ils pas les traces les plus précises, les plus proches de l’expérience de l’ethnologue? Quel est le rapport avec les filmés qui sont exclus a priori des retours scientifiques et ne sont pas consultés sur la réutilisation des images ? À l’aide d’extraits et d’archives qui témoignent des échanges avec les images et les spectateurs, je reviendrai sur la connivence qui s’opère lors du tournage.
Jean-Frédéric de Hasque est docteur en anthropologie et réalisateur de films documentaires. Ses films et recherches récentes portent sur les processus de fabrication d’une classe sociale supérieure sur le continent africain à travers les réseaux associatifs. Il a analysé l’expansion du Lions Club au Bénin (2017), la création de la branche continentale panafricaine du Lions Club et l’évolution des Lions Clubs “blancs” en Afrique du Sud et en Namibie (2021).
La plupart de ses films sont consultables sur www.rienavoir.org