Musique en Côte d’Ivoire : État, succès et argent

Séance 8 juin, 17h-19h (salle 3)
Musique en Côte d’Ivoire : État, succès et argent

Séance discutée par Marta Amico (Centre Goerg Simmel, université Rennes 2)

Muriel Champy (IMAf, Aix-Marseille université)

« Le pouvoir de l’image. Se découvrir dans le miroir du coupé décalé »

À Abidjan, les soirées coupé-décalé visent à mettre en scène autant qu’à construire sa valeur par des pratiques de consommation et de redistribution ostentatoires en soirée. L’argent provient essentiellement du broutage, un terme générique en Côte d’Ivoire pour désigner les escroqueries sur Internet, notamment les arnaques aux sentiments. La tromperie apparente qui sous-tend les pratiques des brouteurs en ligne et qui se prolonge dans leurs performances du succès en soirée, renvoient en filigrane à l’illusion de la réalité, et donc à la possibilité de devenir celui qu’on imagine.

Biographie

Muriel Champy est maîtresse de conférences en anthropologie à Aix-Marseille université et membre de l’IMAf. Ses travaux portent sur les stratégies économiques et les imaginaires de la réussite des jeunes en Afrique de l’Ouest.

 

Richard Banégas (CERI, Science Po Paris) et Léo Montaz (LAMC, FNRS), avec un montage de Rym Bouhedda (Réalisatrice)

« Célébrer le rythme et prôner la paix : Zouglou et réconciliation à l’époque de l’émergence ivoirienne »

Fin 2020, alors que la Côte d’Ivoire sortait tout juste d’une crise politique liée à la volonté du président sortant Alassane Ouattara de se présenter à un troisième mandat, étaient organisé à Abidjan les « 30 ans du zouglou », deux soirées pour « célébrer le rythme et prôner la paix ». À travers les matériaux de terrain récoltés lors de cet évènement, nous proposons une relecture de l’histoire politique récente visant à réconcilier la nation dans ses contradictions, dans une mise en scène musicale du politique révélatrice des ressources et des mécanismes de la nouvelle hégémonie politico-culturelle du ouattarisme.

Biographies
Richard Banégas est professeur de science politique à Sciences Po et chercheur au CERI. Ses recherches en Côte d’Ivoire portent sur la mobilisation des jeunes, la violence politique et les enjeux de citoyenneté, qui sont abordés notamment sous l’angle des productions culturelles.

Léo Montaz est chargé de recherche au Fonds de la recherche Scientifique (FNRS). Ses travaux portent sur l’économie politique de la musique en Côte d’Ivoire, pays qu’il fréquente depuis la fin des années 2000, ainsi que sur les engagements politiques de la jeunesse en milieu rural.