Marie Daugey : Initiation masculine et construction du rapport à l’espace (pays kabyè, Togo)

Au cours d’un parcours rituel, arrêt d’un groupe d’initiants (kondona) dans un bosquet lié à la fondation de la localité de Soumdina (juillet 2010).

Chez les Kabyè du Togo, l’initiation masculine implique de construire chez chacun un rapport spécifique à l’espace du village et de la brousse. L’étude des rites initiatiques actuels et passés montre qu’elle consiste à produire des chasseurs et guerriers qui sont à l’image des plus redoutables ennemis, associés à la brousse : des « lions » ou autres « mangeurs d’hommes ». Pour ce faire, chacun est mis en contact, de manière plus ou moins intense et selon des modalités variables, avec des corps et restes d’animaux. Cet ensauvagement se fait depuis le village, conjointement à des parcours rituels qui contrebalancent l’identification au sauvage, en assurant l’inscription de chacun sur le territoire auquel son appartenance clanique et lignagère le rattache.

 

 

 

Attache d’un crâne d’hippotrague sur la tête d’un initiant ; l’homme et l’animal sont « les yeux dans les yeux » (Farende, juillet 2010).

A propos de la conférencière

Marie Daugey est docteur en anthropologie (EPHE), affiliée à l’Institut des Mondes Africains. Les recherches qu’elle mène en pays kabyè depuis 2004 la conduisent à enquêter sur plusieurs domaines rituels : initiation masculine et féminine, rites agraires et cynégétiques, rites funéraires et divinatoires