Sudisation du secteur du développement

Séminaire des africanistes 6 fevrier 2025
17h-19h Salle 3
Musée du Quai Branly

Dialogue avec Raphaëlle Parizet (LIPHA, UPEC)

Sudisation du secteur du développement

Camille Al Dabaghy (Cresppa, univ. Paris 8 Vincennes Saint-Denis), “Experts locaux” – “experts internationaux”, division du travail transnationale de la production des savoirs de gouvernement sous régime d’aide.

La décentralisation est un secteur de réforme de l’État, qui, à Madagascar dans les années 1990 et 2000, a connu trois transformations:  une forte pénétration de l’aide internationale, la sudisation des personnels de l’aide et la délégation croissante des activités générées par l’aide à des acteurs privés (ONG et bureaux d’études), en particulier l’expertise. A émergé un petit monde constitué de Malgaches et d’Occidentaux cumulant dans le temps des positions du côté de l’administration malgache et des agences d’aide, ou à l’interface des deux. Comment ces professionnels malgaches et étrangers travaillent-ils ensemble ? Comment se joue la division transnationalisée du travail de gouvernement et d’expertise en matière de décentralisation dans un pays « sous régime d’aide » ?

Camille Al Dabaghy est enseignante-chercheuse en science politique (Cresppa-LabTop – Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis). Sociohistoriques, ses travaux portent sur la dimension transnationale du gouvernement municipal et des réformes de l’État à Madagascar, sur la structuration des marchés de l’expertise privée en développement, ainsi que sur les processus d’archivation dans les politiques et institutions de développement.


Hôtel de ville, commune urbaine de Diégo-Suarez, 2009, photo personnelle (Camille Al Dabaghy)

Ludovic Joxe (CEPED, université de Paris)

Les limites de la décolonisation d’une organisation humanitaire internationale. Le cas de Médecins Sans Frontières (MSF).

En 2025, la part du personnel international issu du Sud Global (et en particulier d’Afrique) au sein de l’organisation humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) a atteint près de 50%. En changeant le rapport au temps, à l’autorité, aux abus, au management ou au genre, cette « sudisation » du personnel induit tensions et critiques internes. À partir d’une observation participante et d’entretiens semi-directifs, nous interrogeons la possibilité d’une décolonisation de l’aide en évaluant dans quelle mesure ces nouveaux membres peuvent se départir des rapports de domination et/ou proposer leurs propres façons de penser et d’agir.

Chercheur associé au CEPED (Centre Population et Développement) et coordinateur de projet pour Médecins Sans Frontières, Ludovic Joxe a soutenu en 2019 une thèse de sociologie sur le thème de la souffrance au travail dans le milieu humanitaire.


Région de Betou, Congo-Brazzaville, 2013 – Photo : L.Joxe