Collections et restes humains dans les musées
jeudi 30 novembre 2023, 17h – 19h (Musée du Quai Branly – salle 1)
Dialogue avec Christelle Patin (Centre Alexandre Koyré)
Klara Boyer-Rossol (CIRESC, CNRS), « Retracer l’histoire de collections coloniales conservées à l’ombre des réserves muséales françaises. L’exemple de crânes humains provenant de Madagascar »
Cette communication s’appuie sur une décennie de recherches menées sur l’histoire de collections de crânes humains provenant de Madagascar et actuellement conservées au sein de musées français. De la collecte à la Grande Ile à leur entrée au sein de collections muséales en France, restes humains et objets culturels ont partagé des trajectoires étroitement liées, avant d’être séparés au gré des mouvements de collection, notamment entre le Musée de l’Homme et le Musée du Quai Branly. Il s’agira de mettre en évidence l’entrelacement de leur parcours et d’interroger l’hybridité de leur statut, certains objets pouvant contenir par exemple des restes humains.
À propos de Klara Boyer-Rossol
Klara Boyer-Rossol est historienne de l’Afrique, membre du Centre International de Recherches sur les Esclavages et Post-Esclavages CIRESC. Elle s’est intéressée à l’histoire des collections anthropologiques (crânes, bustes moulés, talismans, reliques) provenant de Madagascar et de l’Afrique orientale.
Frédéric Keck (LAS, EHESS), « Un microbiome post-colonial. Anthropologues, archéologues, griots et baobabs dans le Sénégal contemporain »
Cet exposé présentera des recherches menées depuis 2017 avec des anthropologues canadiens et des archéologues sénégalais autour d’une collection de crânes conservés à l’Institut Fondamental d’Afrique Noire, et pillée en 1965 par Guy Thilmans en pays Serer. Ces crânes appartiennent aux familles de griots qui enterrent leurs morts dans les baobabs selon des règles funéraires liées à la structure « féodale » de la société Serer. L’enquête a conduit à demander aux familles de griots leur consentement pour des analyses microbiologiques visant à trouver par des techniques d’« ADN ancien », des bactéries qui auraient disparu. Cet exposé réfléchira aux obstacles rencontrés au cours de cette enquête et sur les leçons à en tirer pour une anthropologie des relations entre humains, crânes et baobabs dans le Sénégal contemporain.
À propos de Frédéric Keck
Frédéric Keck est directeur de recherche au Laboratoire d’anthropologie sociale (CNRS-Collège de France-EHESS). Après des études de philosophie à l’Ecole Normale Supérieure de Paris et d’anthropologie à l’Université de Berkeley, il a fait des recherches sur l’histoire de l’anthropologie et sur les questions biopolitiques contemporaines posées par la grippe aviaire. Entre 2014 et 2018, il a dirigé le département de la recherche du musée du quai Branly-Jacques Chirac.