Daouda Gary-Tounkara est Historien chargé de recherches au (UMR 8171 – IMAF – Institut des mondes africains). Sa communication met en lumière les conditions de circulation des transferts financiers émis par des migrants africains arrivés en Europe à l’occasion de la Première Guerre mondiale : les tirailleurs sénégalais ou soldats de l’armée coloniale, dont nombre étaient d’origine servile dans les sociétés sahéliennes. On connaît déjà les multiples problèmes de réception de ces mandats, documentés par exemple par Sembène Ousmane dans son célèbre roman Le Mandat (1968). On montrera ici comment ces transferts participent paradoxalement de l’émancipation des tirailleurs et de leur mise sous tutelle renouvelée à l’échelon local : le statut d’ancien combattant exempte les individus de l’indigénat ou d’une justice administrative expéditive, mais dans le même temps l’absence d’état-civil impose une identification des membres de la famille bénéficiaire par les puissants chefs de canton, en particulier à Sikasso, dans le Soudan français (actuel Mali).